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Le gambison, façon "Saint Martin"

Article et réalisation par Philippe CORNETET.

Nous tenons à remercier Mme Martine DAUTUN et l'association "Les Amis de l'église de Bussy-Saint-Martin" de nous avoir permis d'accéder à la pièce archéologique.

Article written by Philippe Cornetet.

We wish to thank Ms Martine DAUTUN et the association « Les Amis de l’église de Bussy-Saint-Martin » (The Friends of Bussy-Saint-Martin Church) for allowing us access to historical items.

 

Note from the translator:

Some technical sewing terms were quite difficult to translate, especially when your mother language is French to start with and you have no expertise in sewing. Here are the original that caused trouble and proposed English translation (This side was found to be useful: http://fabulousfrenchvintagepattern.com/common-translation-of-sewing-terms):

- Point Avant = Forward Stitch

- Point de Surjet = Oversewing Stitch

- Biais = Bias Tape

 

Les sources :

I)                   Contexte et histoire du fragment :

La légende de Saint Martin : soldat romain au IVe, Martin connu pour sa charité et pour avoir partagé son manteau, sa seule possession, avec un pauvre d’Amiens. Il devient Évêque de Tours vers 371.

The legend of Saint Martin : a roman soldier of the 4th century, Martin was known for his charitable mind and for sharing his coat, his only possession, with a poor of Amiens. He became bishop of Tours in around 371.

Il y a deux traces du vêtement de Saint Martin ; La première est la Cappa, vénérée par les rois, mais perdue dès le IXe siècle, la deuxième est le « Manteau de Saint-Martin ».

La première mention au « manteau de Saint-Martin » le situe à Auxerre, au XIIIe siècle. En 1271, un fragment en est prélevé par l'Evêque Evard de Lesignes pour son parent, Jean de Conti, chancelier de l'église d'Amiens. En 1286, un deuxième fragment est donné à la collégiale de Saint Martin de Champeaux. En 1379, c'est la comtesse de Nevers qui en reçoit un morceau. En 1410, la collégiale de Clamecy, puis en 1567 à la paroisse d'Olivet, près d'Orléans.


There are two evidence of the cloak of Saint Martin. The first one is the « Cappa », venerated by kings but lost since the 9th century. The second one is the so-called « Cloak of Saint Martin ».

The first mention of the « Cloak of Saint Martin » place it in Auxerre in the 13th century. In 1271, a piece is extracted by bishop Evard de Lesignes for his relative Jean de Conti, chancellor of the church of Amiens. In 1286, a second piece of the cloak is extracted and given to the College of Saint Martin in Champeaux. In 1379, the countess of Nevers received another fragment. In 1410, the College of Clamecy, then in 1567 le parish of Olivet near Orleans received pieces.

Cependant, ces fragments ayant disparu, et en l'absence de descriptions précises, il est impossible de savoir s’ils sont les morceaux manquants de la pièce qui est, actuellement, à Bussy Saint Martin.

Les fragments de la manche se trouvent ensuite dans l'Abbaye Royale de Chelle vers 1544 et deux textes de 1680 et 1697 confirment leur présence. Cependant, le texte est trop vague pour affirmer qu’il s’agit des mêmes fragments visibles aujourd’hui. Lors de la fermeture de l'abbaye, pendant la Révolution, ils sont confiés au curé de la paroisse de Bussy Saint Martin par une religieuse de l’abbaye, et ils y restèrent cachés jusqu'en 1826.

La manche de Saint Martin de Tour est actuellement conservée dans un reliquaire en l’église de Bussy Saint Martin (77) .

Since then, these pieces have been lost. Lacking exact descriptions of these pieces, it is impossible to tell whether these pieces are actually from the artifact that is actually at Bussy-Saint-Martin.

 

Piece from the “Sleeve” are found in the Royal Abbey of Chelle around 1544 and two texts from 1680 and 1697 confirm their presence there. However, these texts are too vague to confirm that these pieces are the ones available today. During the closure of the abbey during the French Revolution, these pieces were given in custody to the priest of Bussy-Saint-Martin by a nun from the abbey and stayed hidden there until 1826.

The Sleeve of Saint Martin of Tour is currently stored in a reliquary in the church of Bussy Saint Martin.

II)                Description :

La description qui suit est basée sur notre observation lors de la visite à l’église de Bussy-Saint-Martin. Elle est complétée par le rapport de restauration joint à l’article.

Cette pièce archéologique est relativement fine (de 5 à 8mm d’épaisseur selon les parties). Ce détail sur l’épaisseur de la manche laisse à penser que le vêtement militaire ne peut être utilisé comme protection à part entière, il devrait être associé à une protection supplémentaire de type haubert ; la superposition des couches offrant une meilleure défense.

The description that follows is based on our own observations made during a visit to the church of Bussy-Saint-Martin. It is supported by the report of its preservation added to this article (in French).

This historical artefact is relatively thin (5 to 8mm thick depending on the section). This observation of the thickness of the sleeve suggest that this military artefact cannot be used on its own as protective equipment. It therefore must have been associated to an additional piece of armour such as a hauberk, the superposition of several layers offering better protection.

Le cartulaire de Saint Maur des Faussé, dans sa nomenclature des items demandés à sa milice, fait mention de deux vêtements de protection différents : le gambeson et la tunique gamboisée. Cette dernière appellation désigne peut être un vêtement du même type que la manche.

The manuscript of Saint Maur des Faussé, in its listing of items asked for its militia, mentions two pieces of clothing of different protective value: the gambison and the padded tunic. This latter item maybe describes a piece of protective clothing similar to the “Sleeve”.

On observe aussi, tant dans le statuaire que dans l’illustration, que les hommes d’armes en haubert ne semblent pas porter de vêtement épais sous leur armure de maille, par opposition aux rares piétons représentés en gambison dont le vêtement semble avoir un certain volume –en terme d’épaisseur-.

It is also observed both in texts and in illustrations that men at arms in hauberk do not seem to be wearing thick protective clothing under their maille, contrary to other foot soldier who only wear gambison that appear to have a significant thickness.

La manche présente des pièces manquantes ainsi que de nombreuses dégradations. Elle est constituée, sur l’avant-bras, de deux couches de taffetas de soie brune enserrant un gambois de bourre de coton non peigné. Sur le bras, le gambois est doublé grâce à l’ajout d’une séparation constituée de deux couches de lin insérées dans le milieu du vêtement.

 

The “Sleeve” has missing pieces as well as many damaged parts. It is formed on the forearm by two layers of light brown taffeta and a padding of raw cotton. On the upper arm, the padding is increased by two layers of linen inserted in the middle.

La manche décrit une courbe qui n’est pas due à une usure ou une déformation, à mon sens, elle a été conçue ainsi.

The sleeve has a curvature that is not due to ageing or damage, but in my opinion was designed this way.

Le point de couture est très serré ne faisant pas plus de 2 ou 3mm. Les lignes sont espacées, approximativement, d’un pouce.

 

The stitches are very tight, no more than 2 or 3 mm. The stich lines are separated by around one inch

Le gant est particulièrement bien conservé. Trois types d’étoffes cellulosiques (lin ?) différents ont été utilisés pour la réalisation de sa paume.

 

The glove part is particularly well preserved. Three different types of cellulose-based fabric (probably linen) were used for the palm section of the glove.


Une datation au carbone 14 situe la pièce entre 1160 et 1270.

Pour le reste du vêtement, différentes sources vont être mises à contribution pour donner une interprétation de ce que pouvait être le vêtement dans son ensemble. La technique de réalisation sera, quant à elle, celle observée sur la manche.

A radiocarbon dating of the artefact places it between 1160 and 1270.

For the rest of the garment, different sources will be used to give a historically accurate representation of what the whole would look like. The technique for its manufacture will be the ones used for the sleeve.

Rapport de restauration

Ci-dessous le rapport d’analyse de la Manche de Bussy Saint Martin rédigé par Caroline PIEL La Manche de Bussy Saint Martin à Bussy-Saint-Martin (Seine et Marne), extrait de la revue Coré n°2, pages 38 à 41 (mars 1997).

Hereafter the report of the analysis of the « Sleeve » of Bussy Saint Martin written by Caroline PIEL « The Sleeve of Bussy Saint Martin at Bussy-Saint-Martin (Seine et Marne, France), extracted from the magazine Coré number 2, pages 38-41 (March 1997).

Préparation

Preparing the work

I)                   Démarche :

Si la manche de Bussy Saint Martin nous donne des informations exploitables sur la constitution, les matières, la forme et les proportions, certains détails ne pourront être que supposés ou interprétés. Parmi les interprétations :

Even if the sleeve of Bussy-Saint-Martin give useful information of its making, materials, shapes, dimensions, some detail can only be extrapolated or hypothesised. Among these are :

   a) La forme de la manche : Shape of the sleeve

Afin de pouvoir proposer une interprétation de la forme qu'aurait pu avoir la manche, j'ai réalisé un croquis de cette dernière telle qu'elle est actuellement

 

In order to propose an interpretation of the shape that the sleeve could have had, I created a sketch of it as it currently stands

A partir de mon dessin, je propose une reconstitution de la manche telle que je la conçois.

 

From this sketch, I propose a reconstruction of the sleeve as I imagine it should have been

b)    Fixation de la manche au tronc : Stiching of the sleeve to the body

En réalisant un patron test de la manche, on constate une particularité inattendue : celle-ci monte presque jusqu’au cou. Dans ces conditions, il existe plusieurs options de montage :

- Manche cousue par-dessus le tronc

- Manche cousue sous le du tronc

- Tronc présentant un empiècement similaire pour recevoir la manche, à la façon des pourpoints du XVe

- Manche non cousue

Creating a test pattern for the sleeve, an unexpected observation was made: the sleeve reaches almost to the neck. In this condition, there exist several options for building the garment :

 - The sleeve was stitches on top of the body’s piece of cloth.

- The sleeve was stitched below the body’s piece of cloth.

- The body’s piece of cloth was cut to accept the shape of the sleeve, as seen on pourpoints from the 15th century.

- The sleeve was not stitched.

Cette dernière hypothèse ne sera pas retenue car, à mon sens, elle ne pourrait donner satisfaction : la manche sortant systématiquement du tronc,  peut devenir rapidement une gêne sous le haubert.

L’absence de trace évidente du montage d’origine de cette manche ne facilitant pas la tâche, j’ai jugé  prudent de choisir une solution qui donnerait un rendu visuel proche des autres sources de la même période. Ainsi, mon choix s’est porté sur la manche fixée sous le tronc. La couture se fera en bout de manche, au niveau du col. Cette interprétation offre l’avantage d’une fixation simple, d’une grande mobilité et  d’une protection supplémentaire par doublage de l’épaisseur sur une zone particulièrement sensible : les épaules.

 

This latest option will not be kept, as in my opinion, it is not satisfactory: the sleeve sliding down can quickly become a hindrance under the hauberk. The lack of evidence on the sleeve for the way it was stitched does not help the interpretative work. I chose a safe solution that would give a visual appearance that would match other sources from the period. Therefore, I chose the sleeve to be stitched under the body’s piece. The stitches will be placed at the end of the sleeve, near the collar. This option offers ease of stitching, ease of movement and added protection with an extra layer of clothing for a particularly sensitive location: the shoulders.

Pour le tronc, là encore les sources manquent. Les seules représentations de gambison montrent le vêtement porté par les piétons. Ce dernier était probablement d’un montage différent de la manche, notamment au niveau des matières utilisées ce qui devait aussi impacter la forme donnée au vêtement.

Partant de ces constats, je choisis tout de même de m’approcher de la forme visible sur les enluminures pour la réalisation. Par conséquent, le patron du tronc se présentera comme sur la, légèrement évasé vers le bas.

 

Again, for the body’s piece historical sources are missing. The only illustrations show the gambison being worn by foot soldiers. These garments probably had sleeves that were stitched differently and made of different fabric that could have impacted on their shape.

From these observations, I chose to stay close to the shape shown on the illustrations for the reconstruction. Therefore, the pattern for the body’s part was as depicted on, slightly flaring out at the bottom.

c)     Le reste du vêtement :

Si l'on se réfère au rapport d'analyse page 41 "Une main gauche est présentée, détachée du bras, unie par des points de colle et d'un phylactère du XIXe siècle", on pourrait conclure la position actuelle du gant n’est pas certaine.

De plus, les sources graphiques ou statuaires, montrent, de façon non équivoque, que le vêtement qui est porté sous le haubert ne présente pas de gant attenant au gambison. Ce qui semble bien suggérer un gant indépendant de la manche comme le montre le gisant de Jean d'Alluye.

According to the report of the analysis, page 41, “A left hand is present, not attached to the arm, joint by glue and a phylactery from the 19th century”, one could conclude that the current position of the glove is not certain.

Moreover, illustrated historical sources or statues show without ambiguity that the garment worn under the hauberk does not have any glove attached to the gambison. This seems to suggest the existence of a glove not attached to the sleeve, as shown by the effigy of Jean d’Allyre.

II)                Les matières :  Fabrics

Les matières utilisées sont les suivantes :

-         Couverture de laine pour les tests

-         Taffetas de soie pour les couches extérieures et intérieures, de la même teinte

-         Toile de lin ou de chanvre pour les couches intérieures (fibre cellulosique)

-         Fil de lin teinté à la couleur de la soie pour le piquage, couleur naturel pour les coutures sur lin.

-         Bourre de coton non peigné pour le gambois

The fabric used are the following:

 - Wool blanket for the tests.

- Taffeta for internal and external layers, of the same shade.

- Linen or hemp canvas for internal layers (cellulose fibres).

- Linen thread, dyed to the same colour as the taffeta for the stitches, natural colour for stitches on linen.

- Raw cotton padding.

Points de couture utilisés :

Point avant et point de surjet (cf. rapport dernière page)

 

Matériel utilisé :

-         mètre ruban

-         règle

-         craie

-         jeu d'aiguilles

-         petite pince

-         fil de lin

-         épingles

- Measuring tape

- Ruler

- Chalk

- Needles

- Small plyers

- Linen thread

- Pins 

III)              Le Patron :

Le patron de base présenté est en deux parties : le premier, pour les manches, est la copie de la manche de Bussy Saint Martin, le deuxième est une interprétation du reste du vêtement en fonction des formes courantes connues, notamment dans la bible du cardinal de Macièjowski.

A partir de ce patron, je réalise un modèle dans une couverture de laine qui me  permet d'ajuster les pièces à ma morphologie et de réaliser plusieurs tests avant le patron définitif.

The basic pattern is shown in two parts. The first one for the sleeves is a copy of the Sleeve of Byssy-Saint-Martin. The second part is an interpretation of the rest of the garment according to recognised historical shapes, primarily the Maciejowski Bible.

From this pattern, I made a test article in a wool blanket that allowed me to adjust pieces to my body shape and to create several test pieces before making the final pattern.

Une fois le patron de base ajusté, il est nécessaire de tracer le patron final en prévoyant une marge de 4cm supplémentaires sur chaque bord pour palier au retrait que va engendrer le piquage du gambois et prévoir les ourlets de finition.

Once the test pattern is finalised, the final pattern is created by introducing an extra 4cm margin on the edges to accommodate the shrinkage that the stitching of the padding will create and to account for the hem.

Réalisation

Les points de couture

 

Les points observés sur la manche sont : le point avant et le point de surjet (cf. dernière page du rapport). Il est fortement recommandé, pour le piquage, de ne pas faire des aiguillées trop longues. En effet, la soie et le gambois tendent à user rapidement le fil de lin et à le rendre cassant.

The observed stitches are forward stitch and oversewing stitche (see last page of the report). It is highly recommended for the stitches to use thread lengths that are not too long. Indeed, the taffeta and the padding wear out the linen thread and make it easy to break.

Une fois le travail commencé, il convient de ne plus déplacer l’assemblage jusqu'à ce que tout le travail de piquage soit fini afin d’éviter un transfert du gambois. Prévoir soit un plan de travail fixe, soit une plaque de carton pour pouvoir déplacer facilement l’ensemble.

Once stitching has started, it is recommended not to move the assembly until all the stitches are done in order to avoid shifting the padding. A stable work area was prepared in advance, possibly using a sheet of cardboard as a platform to move the assembly.

LES MANCHES - Sleeves

Procéder d'abord à la disposition des différentes couches :

1 - soie intérieure.

2 – couche de bourre de coton non peigné, sur environ 1cm d'épaisseur non tassée. Veiller à bien répartir la bourre pour éviter des zones de faiblesse.

3 – intercalaire des deux couches de tissu de lin sur le bras.

4 – couche de coton, sur l'intercalaire de lin, sur environ 1cm d'épaisseur.

5 – soie extérieure.

6- couture provisoire pour maintenir l'ensemble.

First proceed with the arrangement of the different layers :

1- Internal taffeta.

2- Layer of raw cotton padding, about 1cm thickness, not compressed. Make sure the padding is well distributed to avoid creating areas of low protection.

3- Place two layers of linen fabric on the upper arms.

4- Place another layer of cotton on the linen fabric, about 1cm thick.

5- External taffeta.

6- Temporary stitches to secure the assembly.


Fixer l’ensemble avec une couture provisoire au point de surjet sur toute la bordure. Cela permettra de garder le gambois en place pendant la couture.

Commencer la première piqûre au milieu de la manche, puis faire les suivantes de part et d'autre en allant vers l'extérieur. La piqûre est réalisée au point avant et doit être serrée. Le point de la pièce d'origine fait entre deux et trois millimètres.

 

 

The assembly was secured using temporary oversewing stitches on the edges. This allowed the padding to stay in place during the final stitching.

The first row of stitches was started in the middle of the sleeve and the following rows made by progressing outward from it as a reference. The stitches were forward stitches and must be tight. The stitches on the original artefact are between 2 and 3 mm apart

 

En procédant méticuleusement, on doit obtenir des boudins réguliers ayant environ 1cm d'épaisseur (idéalement 8mm) sur le bras et 5 mm sur l’avant-bras.

 

By proceeding carefully, the padding must form regular sausage-like shapes about 1 cm thick (ideally 8mm) on the upper arm and 5mm thick on the forearm.

Les piqures de la source sont droites par rapport à l’axe de symétrie du bras. Cependant, pour un meilleur maintien, j’ai préféré faire des lignes qui se resserrent légèrement au niveau des poignets.

Au fur et à mesure du piquage des lignes, en se reprochant des bords, la bourre augmente en densité, par effet de lissage. Lorsqu’il reste deux lignes à faire sur chaque bord, retirer la couture provisoire pour pouvoir retirer l’excédent de bourre.

 

The stitches on the historical artefact are straight in relation to the axis of symmetry of the arm. However, for a better fit, I preferred to make rows that come together slightly towards the wrists. As the rows of stitches got closer to the edges, the padding increased in density. When there was only two rows of stiches left to make on each edge, the temporary edge stitches were cut off and some excess padding removed.

Pour terminer la manche, faire un ourlet de 5mm sur le bord de la couche extérieure, le rabattre sur la couche intérieure et le coudre au point de surjet.

 

To finish the sleeve, a 5 mm hem was created on the edge of the external layer of fabric. It was them folded over the internal layer of fabric and was sewn using oversewing stitches.

Les empiècements permettant le laçage des avant-bras seront  réalisés en cuir ainsi que le lacet –un lacet en fil est tout à fait envisageable-.

The pieces that allow the forearms to be laced closed were created in leather. As leather thong was used but a simple linen string is also possible.

 

LE TRONC - THE BODY

Pour le tronc, je ne me suis basé que sur les représentations des gambisons de l'enluminure, étant donné que c’est la seule source disponible pour cette pièce du XIIIe siècle.J'opte pour une forme légèrement évasée vers le bas et fendu.

 

For the body, I only used gambison in illustrated sources as references as it’s the only available source for this garment in the 13th century. I opted for a slightly flared shape at the bottom with a split.

Pour le gambois, j’utilise la même logique que pour les manches : couche de bourre de coton plus épaisse sur le haut du corps et une couche plus fine sous la ceinture.

 

For the padding, I used the same reasoning as for the sleeves: a cotton padding, thicker on the top of the body than below the bel.


Les couches sont superposées comme suit :

- Sur la partie haute du tronc : soie / coton / lin / lin / coton / soie

- Sur la partie basse du tronc : soie / coton / soie

The layers were created as follows:

On the upper part of the body: taffeta / cotton / linen / linen / cotton / taffeta

On the lower part of the body: taffeta / cotton / cotton / taffeta

La piqure du tronc :

Le même travail d'assemblage que pour la manche est nécessaire afin de garantir des points de piqure réguliers.

 

 

Stitching of the body:

The same principle was used as for the sleeves in order to ensure regular stitching.

 

Pour faire les coutures de piqûre, je trace les lignes à la craie puis je fixe des épingles tout le long de ces dernières afin de fixer la bourre de coton. Je retire les épingles au fur et à mesure que j'avance dans la couture.

 

To create the lines to be followed by the stitches, I marked them with some chalk. Then I secured the layers together with pins.  I removed the pins as I moved along with the stitching.

La forme du patron étant légèrement trapézoïdale, les piqûres devront s’écarter légèrement vers le bas, par rapport à l’axe de symétrie.

 

The shape of the pattern being slightly trapezoidal, the stitches had to be done widening slightly towards the bottom with respect to the axis of symmetry.

Les piqures doivent s’arrêter avant la ligne d’épaule : d’une part, pour réaliser correctement l’ourlet, d’autre part, afin de relier parfaitement les lignes de l’avant et de l’arrière au même point. Ce montage contribue à renforcer la solidité du vêtement.

 

The stitches must stop before reaching the shoulder. This is in part to allow the hem to be created but also to allow the rows of stitches for the front and back part to match. This build increases the strength of the garment.


FINITION ET AJUSTEMENT - FINAL ASSEMBLY

I ) Réalisation du biais et pose :

Creating and assembling the bias tape

 Je réalise le biais dans une bande de soie de 4 cm de large (1). Je repasse la bande en pliant chaque bord sur 1cm (2 et 3). Enfin, je referme la pièce (4).

 

 

I created the bias tape as a strip of taffeta 4cm wide (part 1). I ironed the strip folded 1 cm from its edge (part 2 and 3). Finally, the whole was folded in half (part 4).

 

Poser le biais sur la face extérieure du gambison et fixer par un point avant, à la manière d’une parmenture. Rabattre ensuite à l’intérieur et fixer au point de surjet.

 

The bias tape was placed on the external side of the gambison and secured using forward stitches. The bias tape was then folded over the inside part of the gambison and secured using oversewing stitches.


Cette technique sera répétée sur tout le vêtement : les fentes avant et arrière, les emmanchures, le col, l’amigaut et le bas du vêtement.

 

This technique was repeated on the whole garment, the front and back split, the wrists, neck line and bottom hem.

II) Le tronc

L’avant et l’arrière sont réunis aux épaules par un point de surjet bien serré qui doit traverser toutes les couches du gambison. Ensuite, l’aspect de la jonction est amélioré par un point avant ne passant que dans la couche de soie supérieure, ce qui permet une finition soignée.

 

The front and back pieces were sewn at the shoulders by a very tight oversewing stitch that must go through all layers of the gambison. Then, the appearance of the junction was improved by forward stitches that only went through the top taffeta layer, allowing for a perfect finish.

Une fois l'assemblage des épaules terminé, il faut joindre les lignes de couture des deux pièces du tronc.

 

Once the stitching of the two parts at the shoulders was completed, the incomplete stitching lines holding the padding towards the shoulders were completed.

III) La fixation des manches :

Ayant opté pour une fixation des manches à l'intérieur du tronc, j'ai fait plusieurs essais -vêtement à l'envers- me permettant de trouver le bon positionnement.

Les manches sont ensuite fixées avec un point de surjet bien serré dans la couche de soie intérieure du tronc.

Having selected the option to stitch the sleeves as inside the body part of the garment, several tests were performed with the garment turned inside-out to find their correct placement.

The sleeves were then secured using a tight oversewing stitch going through the internal layer of taffeta.

Having selected the option to stitch the sleeves as inside the body part of the garment, several tests were performed with the garment turned inside-out to find their correct placement.

IV) Le gousset :

Afin de confirmer mon interprétation sur l'utilité d'un gousset, j'ai réalisé des essais avec et sans gousset. Une pièce en lin blanc permet de montrer le côté pratique de cette solution et servira de patron pour les goussets définitifs (fig 36).

IV) Le gousset :

Afin de confirmer mon interprétation sur l'utilité d'un gousset, j'ai réalisé des essais avec et sans gousset. Une pièce en lin blanc permet de montrer le côté pratique de cette solution et servira de patron pour les goussets définitifs.

L’essai est sans appel : la manche non fermée ne tient pas correctement, faisant des bourrelets qui pourraient gêner le mouvement sous le haubert. Par ailleurs, avec le gousset, le rendu ainsi que le côté pratique sont confirmés.

 

In order to confirm my deduction about the usefulness of the gusset, tests were performed with and without gussets. A piece of white linen was used to show the practical aspect of using gussets and was used as pattern for the final gusset.

 

The conclusions are clear. The open sleeve without gusset does not hold well and creates folds that could hinder movement under the hauberk. On the contrary, with a gusset, the result and practicalities are confirmed.

 

Pour obtenir une manche bien ajustée, comme le montrent toutes les sources de gambison, je fais le choix de deux bandes de cuir cousues et percées d’œillets dans lesquelles passe un lacet.

 

To obtain a well fitted sleeve as demonstrated by all historical sources on gambisons, the choice of two strips of leather, stitched and with holes for the leather thong was made for the wrist.


Le résultat final


Le résultat final est très satisfaisant tant au  niveau du poids - 2,5 kg - qu'au niveau du confort qu'il offre pour les mouvements. L'amorti est très convainquant. Un retour en situation de combat sera fait lors de son essai au stage de Tournoi XIII.
Voici quelques photos du résultat final.

 

The final result is really gratifying, both in term of weight (2.5 kg), comfort while wear and ease of movement. The padding seems suitably effective. A test of its efficacy will be done at the Tournoi XIII workshop.


Cette méthode de fabrication peut être déclinée à d'autres statuts plus modestes : il suffira de remplacer les matériaux "nobles" (soie, coton) par des matériaux plus accessible comme le drap de lin ou de laine pour les couches de tissus externes et internes et la laine en bourre pour le gambois.

Bien souvent ces protections plus modeste devant servir d'armure à part entière, il est conseillé de les fabriquer plus épaisse. La bourre de laine ira d'ailleurs avec une augmentation de l'épaisseur car elle offre une moins grande "élasticité" que la bourre de coton.

Voici deux exemple de gambison pour piéton.

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Commentaires: 2
  • #1

    Benoît (mercredi, 08 février 2023 09:43)

    Bonjour, je représente le personnage de sergent d’arme De la fin du XIIe siècle , début XIIIe siècle. J’aimerais savoir comment était le gambison, ( côte sous armure concernant mon personnage à cette époque. Veuillez considérer ça comme une magnifique reconstitution de l’ordre du temple. salutations

  • #2

    Philippe (mercredi, 08 février 2023 22:28)


    Bonjour,

    Benoît a laissé un nouveau commentaire à votre article de blog https://citedantan.jimdofree.com/2019/06/09/le-gambison-fa%C3%A7on-saint-martin/ sur votre site Jimdo https://citedantan.jimdofree.com/.

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    Bonjour, je représente le personnage de sergent d’arme De la fin du XIIe siècle , début XIIIe siècle. J’aimerais savoir comment était le gambison, ( côte sous armure concernant mon personnage à cette
    époque. Veuillez considérer ça comme une magnifique reconstitution de l’ordre du temple. salutations
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    Sihame Cornetet

    Professeur FLS
    Collège Anatole France, Montataire, Oise
    Ambassadrice eTwinning
    Réseau Canopé
    Tél : 07.81.95.41.44






    ---------- Forwarded message ---------
    De : Jimdo <no-reply@jimdo.fr>
    Bonsoir Benoît,

    Et bien c'est une bonne question : il n'y a pas, à ma connaissance, de trace de gambison, aussi bien en dessin qu'en pièce archéologique, avant 1250.
    - bible des croisades, ou bible de Saint Louis, ou mieux connue sous le nom de Bible du cardinal maciejowski : 1250-55
    - Manche de Bussy Saint-Martin, entre 1220 et 1260
    ça ne veut pas dire pour autant qu'il n'y en avait pas, les textes eux, en parlent :
    - La philippide "armure de linge tel que portent les éclaireurs" (1214)
    - matelassage de bourre de poil de chameaux, porté par dessus l'armure pour les troupe de Richard Coeur de lion en Terre-Sainte (1191)
    - gambison de piéton décrit par Joinville dans ses souvenirs de la vie de Saint Louis en Terre-sainte (1248/1258, mais les préparatifs de cette croisade commencèrent en 1245)
    - mention de gambison et même de "cotte gamboisé" dans le cartulaire de Pierre de Chevry (1270)
    Pour ne citer que ceux-là. Ils attestent de l'usage d'un vêtement fort, faisant office soit de complément d'armure, soit d'armure, sur toute la durée du XIIIe siècle et même un peu avant.

    Si on se base sur les formes représentées au milieu du XIIIe siècle sur ce qu'on interprète couramment comme étant des gambisons, il s'agit de cotte, épaisse et rembourrée à piquage serré (probablement pour maintenir les couches de tissus et le gambois en place) .
    Les formes ne sont pas très éloignées entre la cotte et le gambison dans la bible dite de Maciejowski par exemple. Ce qui semble assez logique : pourquoi changer une forme qui fonctionne ?
    Je pense qu'il devait en être de même à la fin du XIIe début XIIIe et que le gambison de cette période ne devait pas différer beaucoup dans sa forme d'une cotte.

    Si il est conçu pour fonctionner avec un haubert, je le conseille pas trop épais (la manche de Bussy Saint Martin ne fait que 1cm dans sa partie la plus épaisse).
    Voir une cotte faite de plusieurs couches de tissu peut-être.
    Cette dernière hypothèse tient la route si on considère le terme d'armure de linge.

    Dans le cadre d'un sergent du temple, évitez des matériaux nobles comme la soie pour le tissu, optez pour du drap de lin, de chanvre ou de laine si il est basée en Europe, avec bourre de laine non cardée.
    Niveau couleur : écru (le blanc était trop cher à obtenir) ou un brun très sombre (le noir était très compliqué à obtenir) pour la couche extérieure.
    Le coton est possible s'il est basé en Terre-Sainte. Les Turques seldjoukides (les sarrasins) avaient un équivalent du gambison appelé "Aketon" qui serait une déformation de "Al Koton" : tout coton.
    D'ailleurs, dans son ouvrage sur les croisades, l'historien Amin Maalouf affirme que Saladin avait fait promulguer une loi interdisant de vendre aux francs des Aketons ou des Kasagans de fabrication sarrasines parce qu'il avait constaté que ces derniers avaient beaucoup de succès chez les combattants francs et qu'ils jugeaient ces protections de meilleure qualité.

    Voilà, j'espère avoir un peu éclairé votre lanterne sur ce vêtement si discret du début XIIIe siècle.

    Cordialement.